Chroniques, Monflanqui(?)

Entretien avec Daniel Coste

Durant l’année 2018, j’ai été invité par Pollen (NDLR : Résidence d’artistes au coeur de Monflanquin) à travailler sur Monflanquin et ses habitants. Quinze ans après la série de Didier Veysset intitulée «Portraits d’une bastide», je souhaitais également partir à la rencontre des Monflanquinois mais sur l’ensemble de la commune cette fois-ci. Bien que le portrait photographique constituait l’élément principal de ma démarche, j’ai voulu interroger et enregistrer ces habitants sur leur rapport au village, leur histoire et leur appartenance. Les vingt-huit portraits et interviews ont donc été réalisés chez eux!
L’exposition « Monflanqui(?) » fut exposée à Pollen du 19 novembre au 3 décembre 2018. Au fil de l’année 2020, je vous en livrerai quelques portraits avec leurs interviews sonores retranscrites tout en conservant la forme orale, si particulière des enregistrements.
Nous continuons au mois de février avec Daniel Coste.

Entretien :


« Je suis né, tout d’abord, à Monflanquin en 1955. D’ailleurs, je suis né dans cette pièce ici, à la ferme. Puis après, je suis toujours resté dans le village. Pour des raisons professionnelles, je suis allé habiter ailleurs pendant un petit temps. Et puis je suis revenu habiter sur la commune de Monflanquin, il y a 20 ans maintenant.

Monflanquin, c’est mon village, c’est là où je suis né, pas dans le village mais à la campagne, c’est mes origines. C’est mon enfance, je suis allé à l’école à Monflanquin. Au niveau du sport, j’ai joué au rugby à Monflanquin parce qu’à mon époque il n’y avait pas trente-six sports. On jouait au rugby ou … on n’avait pas tellement le choix. Et tous les copains jouaient au rugby. Je suis encore attaché à mon club.

Je suis un terrien, je suis attaché à ma maison, à ma ferme, à l’ensemble. Après Monflanquin, c’est un village sympa et j’avoue que c’est un plaisir d’habiter dans le village où on est né. On rencontre les personnes qui ont participé à notre enfance. Non je ne me verrai pas, maintenant et plus en avançant, aller ailleurs.

J’ai l’impression de faire partie de l’ensemble du village, de la vie locale à moindre échelle parce qu’on n’est pas grand chose. Je me serai ennuyé ailleurs il me semble, parce que j’aurai été loin de mes proches et de ma famille. Et je suis bien, ne serait-ce qu’au point de vue commerces. Je suis pas très loin de Villeneuve-sur-Lot et un peu plus près de Monflanquin où je fais mes courses, s’il y a ce qu’il faut.

De toute façon ça me plait d’être à la campagne. Après avec l’évolution des choses, et je vais vieillir, j’habite un peu loin du village. Et ça sera compliqué un jour, je pense mais je ne sais pas mon avenir.

Il y a le vieux village, la bastide, ensuite les résidences qui se sont créées autour avec le lotissement. Après il y a la campagne et aussi les hameaux comme Labarthe, Lamothe Feyt, Corconat. J’y suis attaché aussi parce qu’à l’origine j’étais à l’école à Corconat. Et j’ai rejoint Monflanquin lorsque j’étais en CE1.

Je suis attaché à mon village. D’abord je suis de Monflanquin, je suis français mais ça, ça veut pas dire grand chose. Je ne renie pas mes origines mais je suis monflanquinois avant tout. Même, je ne me sens pas des quatre cantons. Maintenant, on est présentés comme les quatre cantons, non moi je suis monflanquinois. »

Entretien avec Daniel Coste – Retranscription et photo : Antoine Dominique – SLA n°652 – Février 2020