Chroniques, Faune locale

À la découverte du Sonneur à ventre jaune

Une étrange créature dans le département du Lot-et-Garonne

Tout a commencé durant ma première année de bac pro Gestion des Milieux Naturels et de la Faune. Afin de valider mon diplôme, j’ai dû réaliser un stage d’une durée de deux mois dans une structure de mon choix en lien avec l’environnement. J’ai donc eu l’opportunité d’entrer dans l’une des plus grandes structures de la biodiversité de Nouvelle Aquitaine : Cistude Nature, où de nombreux passionnés partagent leurs passions avec de futurs naturalistes et participent activement à la protection de la nature. À travers ce nouvel article, j’ai donc choisi de vous parler de l’espèce que j’ai suivie durant deux mois de stage et que je continue de suivre régulièrement durant la période propice. Il ne reste malheureusement que très peu d’individus sur tout le secteur de la Nouvelle-Aquitaine : c’est donc pour cela que j’ai choisi de vous présenter cette espèce, le Sonneur à ventre jaune (figure 1). Je vous laisse découvrir cette petite créature particulière.

Se laisse t-il remarquer facilement ?

Le Sonneur à ventre jaune (Bombinea variegata) est un tout petit amphibien appartenant à la famille des bombinatoridae qui va subir une métamorphose durant une période de sa vie. Sa taille varie entre 3 et 5cm pour un poids allant de 8 à 12g. Il est difficile de le remarquer car il possède des couleurs très ternes brun jaunâtre, très verruqueuses sur la face dorsale, qui lui permettent de se fondre dans le décor. Par ailleurs, pour se défendre face aux prédateurs, il va avoir une face ventrale colorée et vive, marbrée de noir et de jaune vif. Ses pupilles vont être le plus souvent arrondies, parfois en forme de cœur.

Sonneur à ventre jaune, face ventrale. Crédits photos : Mylène Léon

Quel milieu fréquente-t-il ?

Durant la période hivernale (d’octobre à début mars selon les températures) on ne pourra pas le voir, le Sonneur à ventre jaune va passer une longue période caché dans les sous-bois. Au moment des premiers beaux jours de mars, cette espèce va rejoindre des points d’eaux stagnants : ornières créées par l’homme lors de travaux forestiers, fossés, mares, flaques d’eau. Durant cette période, ils vont se mettre en activité tout doucement, c’est donc à ce moment-là que l’on peut commencer à les observer. Il est actif de jour comme de nuit ; dérangé il peut se cambrer et se retourner pour laisser apparaître ses couleurs vives qui rappellent au prédateur sa forte toxicité. Contrairement aux autres amphibiens, le Sonneur à ventre jaune va déposer seulement une dizaine d’œufs sur une brindille de molinie ou de jonc, ce qui est très peu… Il faut donc espérer qu’il n’y ait pas trop de prédation.

Les herpéthologues y prêtent une attention particulière

Malheureusement, le Sonneur à ventre jaune est une espèce très menacée par la destruction de ses habitats et de ses sites de reproduction. En Nouvelle-Aquitaine, cette espèce devient de plus en plus rare. Seulement quelques individus sont encore présents sur des secteurs bien précis (Paulhiac, Gavaudun, Bazas). C’est donc pour cela que l’association Cistude Nature, à Bordeaux, continue d’inventorier cette
espèce et de la protéger. Il donc est interdit d’attraper cette espèce dans la main, hors suivi scientifique, ou de la déplacer sous peine d’amende.

Contrairement aux humains, les amphibiens ont une peau très sensible pouvant attraper très rapidement des micros-microbes.

Que faire si vous en voyez un ?

C’est une question qu’on pourrait se poser. Si vous voyez un Sonneur à ventre jaune chez vous ou lors de vos balades, n’hésitez pas à le prendre en photo, si vous avez le temps, et de contacter l’association Cistude Nature par mail ou par téléphone. Cela permettra à Matthieu Berroneau, salarié passionné d’herpétologie, de répertorier la zone et de répondre à vos questions si vous en avez.

Ouvrez l’œil cette espèce est réellement en danger !

Auteur : Mylène Léon