Une randonneuse vous raconte…
Les beaux jours devaient timidement arriver en ce début du printemps mais pendant plusieurs semaines la pluie n’a cessé de tomber et beaucoup de randonnées ont été annulées. Mauvais pour le moral. En plus, au moment de rédiger cette chronique, le fameux virus se propage à une vitesse hallucinante et l’économie risque de s’écrouler, semble-t-il. Par miracle quand même, le 13 mars, cinq jours avant la date butoir pour rendre les articles pour le numéro de mars de SLA (quelle pression !), le soleil a brillé sur une magnifique rando autour de Cailladelles. Peut-être la dernière sortie de groupe avant le couvre-feu ? En marchant, nous avons oublié nos soucis pendant quelques heures – du pur bonheur de nous retrouver et de prendre l’air. Ou presque, car en partant de la belle demeure de Gervésie sur la route de Cancon (1), nous sommes passés à côté de la construction d’un nouveau lac et la boue argileuse sur nos chaussures pesait lourd. Mais le passage gadouilleux était de courte durée et, côté positif, cela fait travailler les mollets ! Apparemment, avant les travaux c’était un coin de fritillaires pintades mais le lac servira à irriguer les cultures. Eh oui ! Les agriculteurs ont besoin d’eau…
Nous traversons des vergers de pruniers et on prend la petite route raide et sinueuse qui mène à Cailladelles. Normalement, il faudrait faire ce circuit au moment où ces arbres fruitiers sont en fleurs, mais tant pis. J’ai toujours été un peu déçue sur le plan esthétique par les plantations de pruniers en fleurs – on me dit que la forme des branches est raide et droite à cause de la façon de les tailler. La forme courbée des arbres fruitiers chez les particuliers est plus plaisante à mes yeux. Mais bon – les grandes étendues blanches sont assez spectaculaires et, c’est dommage de les rater.
Ce jour-là, pour la première fois, ça sentait le printemps et, à côté des sentiers, poussaient des pervenches (2) et des touffes de colza (3). Nous verrons bientôt des champs entiers de colza qui, côtoyant d’autres cultures, ressemblent à une couverture patchwork dans le paysage.
Dans la montée, en se retournant, Monflanquin se profile sur l’horizon, un point de repère qui nous émeut toujours (4).
On traverse Cailladelles, village qui se trouvait sur la voie romaine reliant Eysses à Castillonnès. Comme d’habitude, des chiens de chasse et des fox terriers nous ont fait la fête mais malheureusement, les cochons noirs gascons (ou cochons vietnamiens ?) manquaient à l’appel. Dommage, car ils sont adorables. À côté de la ferme, tout de même, il y avait un beau citronnier comme une compensation (5). Cochons noirs ou citrons, ça fait de belles photos.
Puis, nous avançons sur la crête de Cailladelles, un de mes endroits préférés aux alentours de Monflanquin. Un endroit sauvage et balayé par le vent avec des vues magnifiques – on voit Castelnaud de Gratecambe d’un côté et Cancon de l’autre. Pas encore l’époque du genêt qui, exposé au soleil, dégage un parfum intense de noix de coco : il faudrait revenir au mois de juin. En bas se trouvent l’église Saint-Pierre-Aux-Liens, entièrement détruite par les Huguenots pendant les guerres de religion et relevée en 1682 (6) et la ferme du Vignal, spécialisée dans l’élevage de volailles maigres, d’oies et de canards gras.
6-Eglise de Cailladelles 7-
Nous étions heureuses là-haut mais il a fallu descendre pour prendre le café chez notre chef de file. À côté du sentier de retour à Gervésie, des haies de prunus (épine noire ?) en fleur, superbes contre le ciel bleu (7). Ce mois-ci, je voulais vous parler des fleurs qui annoncent le printemps en espérant que je les ai bien identifiées. Dans un monde plein d’incertitudes, cette belle saison s’annonce malgré tout et, nous émerveille …
À bientôt sur les sentiers…
Diana Whitworth-Le Doaré – SLA n°653-654-655 – Mars Avril Mai 2020