Chroniques, Monflanquinois du monde

La famille Auber

L’identité d’un territoire est façonnée par l’histoire individuelle et collective de ses habitants et celle de notre bastide est empreinte de nombreuses influences internationales. Dans cette nouvelle chronique, je voudrais vous faire découvrir les parcours uniques d’enfants du pays désormais expatriés et de Monflanquinois d’adoption nés à l’étranger mais ayant choisi de faire leur vie parmi nous. Ces ‘’Monflanquinois du monde’’ sont nés ici ou ailleurs mais ils ont tous en commun d’être Monflanquinois de cœur.

Ce mois-ci, je voudrais vous présenter une attachante famille dont les membres sont ‘’Monflanquinois de cœur’’ malgré les 19 000 kilomètres qui les séparent de notre bastide. Sur les photos, vous reconnaîtrez peut-être la famille Auber que j’ai eu la chance de rencontrer en janvier chez eux près d’Auckland, la capitale économique de la Nouvelle-Zélande. Cette famille a passé un peu plus d’une année dans notre village auquel ils sont très attachés et où ils conservent de forts liens amicaux. J’étais très curieux de savoir comment ils étaient arrivés parmi nous et ils ont accepté de me raconter leurs aventures monflanquinoises pour que je puisse les partager avec vous.

C’est à Londres en 2002 que Dan, chef de projet anglais, rencontre Fleur, comptable néo-zélandaise qu’il épousera avant de la suivre pour s’installer dans son pays d’origine. De cette rencontre naîtront trois charmantes jeunes filles, Jolie, Ava et Daisy à qui Dan souhaitait donner l’opportunité de vivre une expérience à l’étranger pour apprendre le français et s’ouvrir à une nouvelle culture dès leur plus jeune âge. Il faut dire que Dan n’en était pas à sa première expérience dans l’hexagone puisqu’il parlait déjà la langue de Molière qu’il avait apprise dans sa jeunesse lors d’un séjour d’une année à Paris avec ses parents. Au vu de l’enrichissement personnel que lui a apporté l’apprentissage d’une nouvelle langue et l’ouverture d’esprit qu’a engendré cette immersion culturelle, il espérait pouvoir un jour offrir la même opportunité à ses filles. Le rêve paraît encore lointain mais le jeune couple commence à économiser et ils se mettent petit à petit à chercher un endroit où ils pourraient vivre leur expérience française. Leurs recherches s’orientent vite vers le sud-ouest, terre de rugby dont Fleur raffole, mais aussi un territoire qui se démarque par la présence de nombreux anglophones dont la présence permettrait de se sentir moins isolés pendant leur intégration. Une amie leur recommande de se pencher sur une petite bastide appelée Monflanquin et c’est en quelques clics qu’ils sont tombés sous le charme du village médiéval et qu’il décident de prendre un aller-simple pour le Lot-et-Garonne !


En août 2016, après un long voyage de deux jours, ils s’installent au Pierre et Vacances pour deux semaines afin de se laisser le temps de trouver un logement et s’adapter au décalage horaire. Une maison les attendait justement sur la rue de l’Union et ils s’installeront au centre du village où ils vont vite goûter au sens de l’accueil des Monflanquinois. En effet, pour leur souhaiter la bienvenue et fêter leur arrivée, la propriétaire du logement improvise une auberge espagnole sur la place Palissy où ils vont rencontrer un comité d’accueil improvisé constitué d’une trentaine de voisins. Madame la maire, Nathalie Founaud-Veysset passera même leur souhaiter la bienvenue ! Cette fête des plus chaleureuses leur permettra de rencontrer tout le voisinage qui les accueille à bras ouverts. Quelques jours plus tard, Dan participera à une course organisée par le club de basket de Boudy-de-Beauregard où il fera la rencontre de Laurent, le facteur le plus célèbre de Monflanquin, avec qui il liera une amitié profonde. C’est avec lui qu’il rejoindra le MAC, le club de course à pied où il sera très vite adopté. Cette intégration rapide leur confirme qu’ils ont fait le bon choix et ils se sentent déjà chez eux à Monflanquin.


Quelques jours plus tard, à l’approche du 15 août, ils seront surpris par l’agitation ambiante alors que le village s’affaire aux préparatifs des fêtes médiévales. La famille réalise alors que le tissu associatif est très fort à Monflanquin et elle décide de s’impliquer pour s’intégrer et rencontrer du monde tout en pratiquant le français. Fleur rejoint le club de marche de Monflanquin et devient également volontaire dans un centre pour chiens errants à Bergerac. Pendant ce temps, Dan s’implique dans l’organisation des médiévales avec le GEM et dans l’association des parents d’élèves Récré-actions. Grâce à ces activités, ils se feront de nombreux amis français et étrangers et seront touchés par la générosité locale puisque certains voisins laisseront régulièrement des paniers de légumes sur le pas de leur porte.
L’intégration s’est également faite assez rapidement pour les enfants qui étaient inscrites au collège et à l’école primaire. Jolie, Ava et Daisy ont rapidement appris le français avec leurs camarades de classe et en empruntant des livres en français à la bibliothèque du village. L’apprentissage linguistique s’est aussi fait grâce à la générosité de Jean-Claude Massin qui s’est proposé pour donner gracieusement des cours de français à Fleur et aux enfants. De son côté, Dan à rejoint Fabienne et son équipe de la crêperie sur la place des arcades où il s’est rapidement senti chez lui. En une année, il a su se rendre indispensable à la vie du bourg en donnant, dès qu’il le pouvait, un coup de main à ses voisins qui ont vite adopté la petite famille venue des antipodes.


Après plus d’une année riche en expériences inoubliables dans notre petit coin de France, il était temps pour nos ‘’Monflanquinois du (bout du) monde’’ de rentrer chez eux en Nouvelle-Zélande. Avant de partir, leurs amis monflanquinois ne se sont pas privés de leur organiser une fête d’au-revoir digne de ce nom à la Cave qui a, ce soir-là, vu des rires, des chants, des embrassades et sans doute aussi quelques larmes.


De cette expérience unique, nos amis néo-zélandais retiendront surtout la générosité et l’accueil chaleureux des habitants du village. Ils se sentent maintenant membres à part entière de notre communauté et espèrent avoir l’occasion de revenir souvent pour rendre visite à leurs amis français. Si comme moi vous passez par Auckland, sachez que leur porte est toujours ouverte aux Monflanquinois et si vous décidez de vous arrêter chez eux, vous aurez peut-être la chance de goûter au fameux vin fait maison par Dan, le plus Français des Néo-Zélandais !


Frédéric Palazy – SLA n°660 – Octobre 2020