Chroniques, Monflanqui(?)

Entretien avec Raymonde Chanet

J’ai rencontré Raymonde Chanet au travers de mes entretiens pour réaliser le projet Monflanqui(?) (NDLR : plus d’informations sur ce projet ici : https://www.souslesarcades.com/entretien-avec-daniel-coste/ ). Elle m’avait accueilli chez elle et nous avions parlé pendant près d’une heure de son village, Monflanquin. Par ce portrait et par ses mots, je tenais à lui rendre hommage.

Entretien :

« A Monflanquin je n’y suis pas arrivée, j’y suis née. Et il y a bien longtemps.
Mon père y était né aussi, dans la maison où nous habitions avant. Et mes enfants sont tous nés là aussi. Comme quoi, il y a de la continuité dans la famille.

Je suis restée à l’école primaire trente et quelques années. J’étais instit’. Avant, comme tout le monde, j’ai fait des remplacements à bicyclette. A ce moment-là, il fallait y aller par n’importe quel temps. Je suis allée partout, dans les villages aux alentours, mais le plus loin c’est Tombeboeuf quand même.

Quand on est à la retraite et qu’on devient âgé, dans une grande ville, on a des conférences, le cinéma, le théâtre… Un peu plus qu’à Monflanquin où on n’a que la télé. Mais bon, quand on peut se déplacer avec une voiture, on va au cinéma à Villeneuve. Et au théâtre aussi.

Au point de vue de l’arrangement du village, c’est bien. La rénovation, attention, ça en avait besoin, mais maintenant c’est bien ! Une fois, il y avait des journalistes au marché qui interrogeaient les passants. Alors ils nous demandaient ce qu’on préférait dans le village, ce qu’il fallait aller voir. Je leur ai dit « Allez voir les carrérots ! ». Et c’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de village où les ruelles sont comme ici.

Je ne suis jamais partie longtemps. Je faisais les remplacements et je rentrais le jeudi. En fait, je ne suis jamais partie. ça représente ma maison. Monflanquin, c’est chez moi, où tout le monde se connaît.

Est-ce que je suis monflanquinoise ? Je ne peux pas ne pas l’être ! »

Entretien avec Raymonde Chanet – Retranscription et photo : Antoine Dominique – SLA n°656 – Juin 2020